Et si l’Italie préparait un plan B ?
La semaine passée nous vous parlions de l’Etat critique de l’Italie.
Pour rappel l’Italie c’est :
- Le deuxième pays le plus endetté de l’UE après la Grèce
- La natalité la plus basse d’Europe
- La stagnation du PIB depuis 2008
Mon précédent message était un coup de gueule envers le gouvernement italien.
Je disais que c’était incroyable que ces politiciens souhaitent rester dans l’UE tout en refusant de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de leurs partenaires monétaires.
Ce qui m’insupportait c’est qu’on renouvelle à nouveau le scénario de la Grèce : un gouvernement dispendieux qui continue la fuite en avant jusqu’à la crise.
La différence c’est que le PIB de l’Italie c’est 1/6 du PIB de l’UE…
Si l’Italie venait à faire défaut… c’est toute l’Europe qui risque de s’effondrer !
Le plan secret de l’Italie
Delamarche a une autre théorie, qu’il développe dans son interview avec Gold Broker.
Pour lui, il ne fait aucun doute que le nouveau gouvernement italien prépare une sortie de l’Union Européenne.
Il y a des indices clairs : le gouvernement s’est entouré d’économistes farouchement anti-euro (Paolo Savona étant le plus connu), qui font la promotion d’une sortie de l’Euro depuis des années.
Le problème c’est que c’est une préparation qui demande du temps.
Selon Olivier Delamarche, il s’agit pour eux de ne pas se faire prendre comme les anglais avec le Brexit.
Le nouveau gouvernement sait très bien que leur problème majeur n’est pas un bateau d’une ONG qui transporte des migrants (la fameuse histoire de « l’Aquarius » dont la presse fait ses choux gras).
Ça c’est un problème annexe qui énerve leurs adversaires et conforte leur électorat.
Ça c’est un masque de fumée, une diversion.
Leur problème majeur c’est les finances catastrophiques de leur pays.
Comme je vous l’avais dit précédemment, l’Italie n’arrive pas à sortir de sa situation post-crise de 2008.
C’est même le seul pays qui n’a pas encore repris le niveau de PIB d’avant crise… soit dix ans de stagnation.
Elle a aussi perdu 20% de son tissu industriel depuis les années 2000.
Si elle veut reprendre du poil de la bête ce n’est pas sur la question des migrants qu’elle trouvera une solution miracle.
En réalité, ils savent que l’Euro les maintient dans une relation asymétrique avec le nord de l’Europe.
Un Euro fort fait le jeu des Allemands, pas celui des Italiens.
Target 2, l’épine dans la botte
Dans la zone euro il y a un système de balance des paiements, du nom de TARGET 2, acronyme du barbare pour Trans-european Automated Real-time Gross settlement Express Transfer system !
Cette plateforme commune est gérée par les banques centrales de France, d’Allemagne et d’Italie.
Son rôle officiel est d’harmoniser les flux financiers au sein de la zone Euro.
En réalité c’est une pompe à fric et une laisse mise en place par l’Allemagne !
Le graphique ci-dessous représente la balance des paiements dans la zone Euro de 2001 à 2016.
On voit que tout explose à partir de la crise de 2008.
Qui détient 700 milliards (dont 450 milliards de dette italienne) ? L’Allemagne.
Qui est débiteur ? L’Espagne (mais son économie repart) et surtout l’Italie.
Aujourd’hui l’Allemagne tutoie les 900 milliards, l’écart ne fait que se creuser.
L’Italie est dos au mur.
Italexit : le plan B
En sortant de l’Euro, l’Italie peut dévaluer sa nouvelle monnaie pour réduire cette dette qui devient insoutenable.
Cette « tricherie » est permise par la « lex monetae », soit le fait que la dette d’un Etat est automatiquement libellée avec la monnaie du pays concerné. [2]
Certes l’Italie subirait de plein fouet une attaque des marchés : la triche par l’inflation monétaire est perçue, à juste titre, comme une perte de confiance par les acteurs du marché.
En conséquence les taux de prêts à l’Italie vont exploser mais la dévaluation couplée à un budget strict devrait leur permettre, en théorie, de redémarrer.
Il ne faut pas oublier que l’Italie a bénéficié d’un taux extrêmement bas d’environ 2% depuis son entrée dans l’Euro. Avec la lire (et sa mauvaise gestion régulière), ils étaient à 5% voire plus.
Le gouvernement italien semble prêt à tenter sa chance, comme Tsipras l’avait envisagé un temps au plus fort de la crise grecque. [3]
En quelque sorte, le gouvernement italien pourrait faire ce qu’on a « refusé » à la Grèce : sortir de l’Euro et se refaire une santé au lieu de se maintenir dans une perpétuelle soumission à des créanciers qui plombe leur bilan.
Evidemment, les Allemands et toute la zone euro subiraient un grave choc et des pertes colossales.
L’autre problème est que la stratégie de la sortie de l’Euro et la dévaluation de la lire pourrait exposer l’Italie à une spirale inflationniste.
Soit une perte totale de confiance envers la nouvelle monnaie émise et un scénario à la « Vénézuela » ou « Argentine ».
Tout dépendra de la confiance qu’auront les marchés envers ce nouveau gouvernement et des mesures qu’ils prendront pour réformer l’Etat et ses dépenses dispendieuses qu’ils ont maintenues pendant des années grâce au taux de 2% de l’Euro.
Quant on voit les difficultés que rencontrent l’Argentine dans un scénario semblable… c’est difficile de ne pas avoir peur.
Il faut aussi comprendre qu’un tissu économique ça prend du temps à se reformer. Ils devront de toute manière affronter plusieurs années de crise, couplée à une austérité forcée.
Si le gouvernement Salvini prépare un tel scénario, il fera un énorme saut, extrêmement dangereux qui devra s’accompagner d’une politique réformatrice forte et sévère dans son secteur public.
Et là… pas sûr que le mouvement 5 étoiles perçoivent cela d’un bon œil.
Vous comprenez qu’un tel plan, ça prend du temps. Ils doivent notamment négocier les détails entre les différents partenaires.
Et si on se réveillait un bon matin avec une UE en rupture suite à une annonce fracassante de l’Italie ?
C’est de loin pas un scénario impossible.
Delamarche a publié un document sur les conséquences pour nous, français, d’une sortie d’un grand pays de la zone Euro. Il faudrait notamment s’attendre à une baisse de valeur massive de la monnaie.
Il ne s’agit pas de paniquer… il s’agit de prendre conscience des risques et de s’assurer en conséquence.
Pour plus d’informations, cliquez ici.
A votre bonne fortune,
Frédéric Duval
Le Vaillant Petit Economiste
Sources :
https://www.letemps.ch/opinions/italie-eurosceptiques-piaffent-aux-portes-pouvoir
https://www.lesechos.fr/27/05/2018/lesechos.fr/0301725924435_italie—le-nom-d-un-eurosceptique-empeche-la-formation-du-gouvernement.htm
http://www.slate.fr/story/164186/international-italie-crise-economie-politique-union-europeenne-integration-zone-euro-fracture-nord-sud-euroscepticisme-gouvernance-reforme
[2] http://www.cepii.fr/blog/fr/post.asp?IDcommunique=507
[3] https://www.lopinion.fr/edition/international/jour-alexis-tsipras-a-failli-faire-sortir-grece-l-euro-131790
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