Plaie N°5 : Qui nous gouverne vraiment ?

 

Chère lectrice, cher lecteur,

Qui dirige vraiment la France ?

Le Président de la République ?

 

Comme toujours, il faut suivre l’argent

 

Follow the Money comme disent les américains.

Et en suivant la piste de l’argent, on a vite des surprises.

Au sein des organes les plus stratégique de l’État, il y a plus de 600 fonctionnaires mieux payés que Monsieur le Président.

C’est ce qu’a constaté Vincent Jauvert, journaliste au Nouvel Obs, auteur de l’ouvrage « Les Intouchables d’État ». [1]

Grace à quelques précieux contacts, il a pu accéder à un document explosif : la liste « confidentielle » des plus fortes rémunérations de l’administration publique.

Et quand je dis « confidentielle », ce n’est pas un mot en l’air.

 

Cette liste n’est même pas accessible aux ministres

 

M. Jean Arthuis, ancien ministre de l’Économie et des Finances, dit n’avoir eu accès à cette information qu’après plus d’une dizaine de demandes … et 6 mois d’attente. [2]

Et, tenez-vous bien, il l’a reçue sur un papier chimique non-photocopiable.

Lorsqu’on voit qu’un salaire de plus de 200 000 € par an est monnaie courante, on comprend cette discrétion.

Alors posons la question sérieusement.

Est-ce que le siège du pouvoir ne se situe pas plutôt … dans les bureaux des indétrônables « servants de l’Etat » ?

 

L’État profond

 

Le terme est apparu dans les années 1990 pour désigner une élite de fonctionnaires et de dirigeants de la sphère économiques non élus qui, de par leurs positions stratégiques, tiendraient véritablement les rênes du pouvoir.

Les politiciens changent au fil des élections, mais l’État profond reste et impose son agenda auprès des nouveaux élus.

Lors de sa campagne, Donald Trump a beaucoup communiqué sur la nécessité de « drainer le marécage » (Drain the swamp) de Washington et de lutter contre cet « État profond » qui ne défendrait pas vraiment les américains.

Préférant s’épancher sur les outrances du magnat de l’immobilier, nos médias ont peu parlé de cet argument important.

En fait, il a touché au cœur un peuple américain qui se sent dépossédé de sa souveraineté.

Beaucoup pensent que cette promesse de campagne fut une flèche fatale tirée sur le clan Clinton.

Bien-sûr, l’État profond comporte sa part de mythe et peut vite dégénérer en théorie complotiste fourre-tout.

Cette idée n’est reste pas moins très utile pour identifier les noyaux de pouvoir informels qui s’agglutinent autour des gouvernement élus.

Car ceux-ci, sont loin los d’être mythiques et largement documentés. [3]

 

Les indétrônables

 

En analyse des politiques publiques, la puissance de la bureaucratie est reconnue.

Les chercheurs ont même développé une théorie appelée « École des Choix Publics » qui permet notamment de comprendre les mécanismes de décision de la bureaucratie. [4]

Pour faire court, ces universitaires ont découvert que les fonctionnaires agissent également en fonction de leurs propres intérêts et qu’ils ont une grande influence sur l’application des décisions politiques.

Yes Minister, une série anglaise des années 80, que je conseille vivement, retranscrit délicieusement ce phénomène.

Dans un des épisodes, le Ministre tente vainement d’appliquer son programme face à son « secrétaire permanent aux affaires administratives » (qui touche un meilleur salaire que lui). [5]

Le ministre découvre en arrivant dans son bureau, que la machine de l’État est bien plus écrasante que la solidité de ses promesses électorales.

Toute la série décrit une situation ironique : le secrétaire général se révèle être le véritable patron du ministère !

 

Un noyau de pouvoir non officiel

 

Vincent Jauvert, notre journaliste de l’Obs, a été bien plus loin que révéler cette seule liste de salaires.

Il a montré qu’une bonne part était en fait constituée de primes difficiles à expliquer.

On va encore dire que j’exagère…

Sauf que la Cour des Comptes a avoué elle-même qu’il s’agit de « dispositifs de rémunération sans base juridique ». [6]

De son côté, France 2 a diffusé récemment un reportage pour le moins édifiant sur le même sujet. [7]

Ce que l’on y découvre, c’est que ces élites privilégiées proviennent toutes de la même école : l’ENA.

Et lorsqu’ils ne sont pas en train de courir après l’électorat ou insérés dans les rouages de la machine administrative, ils servent de grands groupes privés (la carrière de notre Président en est un bel exemple).

 

Les amours contrariés du public et du privé

 

Bien souvent, ils passent du public au privé, où leur connaissance du secteur public est extrêmement valorisée !

Lors des discussions de comptoir, on avance facilement que ce sont les « grands patrons » qui dirigent la France.

D’autres pensent que ce sont les politiciens.

Dans cette lettre, je vous explique qu’il faut aussi compter avec les bureaucrates.

 

Et si, finalement, ils ne formaient qu’un seul et même groupe ?

 

Qu’en pensez-vous ?

Je veux votre avis sur les hauts fonctionnaires, leurs traitements princiers et les vrais sièges du pouvoir.

 

 

À votre bonne fortune,

Frédéric Duval

 

Sources :

[1] https://www.lagazettedescommunes.com/567522/la-noblesse-detat-fait-la-loi-vincent-jauvert-auteur-de-les-intouchables-detat/

[2] https://www.contribuables.org/2018/03/les-primes-illegales-des-hauts-fonctionnaires-de-bercy/

[3] http://www.le-politiste.com/les-elites-politiques/

[4] https://wp.unil.ch/bases/2013/07/theorie-des-choix-publics/

[5] https://www.youtube.com/watch?v=qmXzGI0XP7M

[6] https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/la-cour-des-comptes-epingle-encore-les-salaires-pratiques-a-bercy_1970764.html

[7] https://www.francetvinfo.fr/societe/video-hauts-fonctionnaires-le-tresor-de-bercy_3180031.html





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