Le Nouvel-An sera-t-il chinois ?

J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’année.

Pour ma part, j’ai profité de ces quelques jours pour me reposer et passer du temps avec mes proches.

Malgré les assauts des rabat-joies, Noël reste une fête qui ressert les liens et nous ramène à l’essentiel.

C’est un moment que je trouve indispensable afin de repartir sur de bonnes bases pour une nouvelle année.

Mais dans toute cette tradition, il n’est pas interdit d’innover.

Chez nous, c’était « fondue chinoise » au menu. Un met facile à préparer, convivial et apprécié de tous.

Je sais que ça sonne un peu comme une transition tirée du chapeau… mais c’est réellement ce qui m’a inspiré cette lettre du jour.

 

Les projecteurs sur la Chine

 

Au fond, c’est une conjonction d’éléments, autres que culinaires, qui m’ont amené à ce thème : la guerre commerciale avec Trump, un récent reportage d’ARTE [1], le discours officiel du président chinois, etc…

Dernièrement, ce ne sont pas les occasions d’en parler qui ont manqué.

La Chine est sous les projecteurs internationaux et il y a une bonne raison à cela.

Quand on regarde les chiffres économiques, c’est tout simplement incroyable.

Les grandes réformes de la Chine communiste ont été faites dans les années 80 mais le grand boom est cependant relativement récent.

Observez plutôt ce graphique :

 

 

Aucun autre pays n’a eu une telle croissance. Pas même l’autre géant du continent asiatique, l’Inde, qui est souvent comparée au dragon chinois.

Quand on regarde cette explosion sous forme dynamique, c’est encore plus impressionnant [2].

On ne s’en rend peut-être pas compte, mais avant le milieu des années 90 la Chine n’apparaissait même pas dans le top 10 des plus grands PIB du monde.

 

 

Aujourd’hui, elle talonne les Etats-Unis et lorgne la première place. Les études prédisent qu’elle y parviendra aux alentours de 2027. [3]

Une progression proprement hallucinante pour un pays dont la quasi-totalité de la population était dans l’extrême pauvreté il n’y a que 20 ans.

 

 

Je ne ferai pas ici le récit de la réussite chinoise.

Vous trouverez de nombreuses littératures sur la réforme économique qui a permis l’émergence de ce géant économique mondial. [5]

Pour faire court, il a fallu abolir des pans entiers du communisme pour reconnaître la propriété privée et laisser place à l’initiative individuelle.

La face brillante de la pièce

 

Cette réussite économique est une bonne chose pour de nombreuses raisons.

La première, évidente, est le sort matériel de la population chinoise.

En une génération, les chinois passent d’une situation de pénurie, à une situation où ils hésitent sur la marque de leur prochain smartphone.

La deuxième raison, qui n’est pas non plus des moindres, est que nous bénéficions indirectement de cette prospérité chinoise.

Par exemple, chaque année, les touristes chinois rapportent des dizaines de milliards d’euros à la France. [4]

Mais nous bénéficions également de leurs industries en important une quantité de produits à bas coût : bureautique, jouets, nourriture…

Mieux encore, nous accédons à ses centaines de millions de consommateurs en y exportant nos produits made in France.

Savez-vous que Carrefour est présent en Chine ?

Il ne faut pas oublier que l’économie n’est pas un « jeu à somme nulle ».

Si les Chinois gagnent plus, ce n’est pas forcément aux dépens des occidentaux.

La prospérité des chinois est bénéfique pour le monde entier et ceux qui regrettent l’époque où ils étaient pauvres se fourvoient gravement en plus de faire preuve d’un manque d’humanité flagrant.

Nous ne serions pas plus riches en laissant une part de la planète dans la misère… bien au contraire !

La face moins reluisante

 

Le problème principal, que j’avais déjà souligné dans cet article, c’est que la Chine n’est pas toujours fair-play dans ses pratiques commerciales.

Il est tout à fait normal d’avoir des lois différentes d’un pays à l’autre mais il y a tout de même une base commune indispensable nécessaire pour échanger de manière sereine.

La Chine est donc souvent critiquée pour des pratiques considérées comme déloyales :

  • Maintien du yuan artificiellement bas pour stimuler les exportations
  • Subventions à l’exportation
  • Taxation élevée des biens étrangers
  • Obstacles multiples à l’investissement non chinois
  • Partage forcé de technologies
  • Respect très relatif des droits de propriété intellectuelle
  • Etc.

Beaucoup se demandent aujourd’hui si l’Empire du Milieu n’abuse pas de l’intérêt des pays développés pour son immense marché en échangeant son accès à un prix beaucoup trop élevé.

« J’ai accès à ton marché intérieur et je te donne accès au mien, mais je ne veux pas ouvrir mon économie autant que la tienne. »

Les chinois rétorquent qu’ils ont du retard à rattraper et que ce n’est qu’à ce prix qu’ils pourront reprendre la place qui leur revient dans le concert des nations.

Le problème, c’est que les industries occidentales souffrent énormément de cette concurrence et d’un jeu dont les dés semblent trop souvent pipés !

Il faut néanmoins aussi reconnaître des progrès réguliers de la part de la Chine même si ils restent lents.

Forcément, ce sujet crée des tensions régulières sur la scène internationale.

Trump vs Xi Jinping

 

Aujourd’hui, le monde observe avec attention les négociations musclées entre un Trump impitoyable qui veut rendre sa grandeur à l’Amérique et un Xi Jinping qui ne veut pas entraver le développement fulgurant de son pays.

Ces tractations auront une influence importante pour l’avenir du commerce mondial et vont au-delà des relations sino-américaines.

Ce qui se joue, c’est la question de savoir si la Chine est toujours un pays qui peut justifier son manque de fair-play par son faible niveau de développement.

Aujourd’hui, son économie est suffisamment grande pour que ses partenaires exigent des règles plus équilibrées.

Le bras de fer ne fait que commencer et il y a fort à parier que cela va durer pour les années qui viennent.

La fin de la croissance ?

 

Dans les prochaines années, la croissance chinoise va baisser.

Selon la théorie économique classique, avec notamment le modèle de Robert Solow, on dit qu’un pays peu développé croît très rapidement en raison du rendement de ses facteurs de production.

Expliqué plus simplement : les pays pauvres s’améliorent très rapidement lorsqu’ils introduisent des technologies modernes dans leurs usines.

Cependant, ce rendement se réduit très rapidement à mesure que les pays pauvres atteignent le niveau des pays riches.

Et c’est ce qu’il se passe actuellement.

La croissance chinoise est déjà retombée au niveau des années 90. [6]

Elle reste cependant plus haute que celle des pays occidentaux et le restera encore plusieurs années.

Il serait stupide de penser que la croissance de la Chine n’est due qu’à des pratiques déloyales.

Le pays a énormément de ressources et pourrait se passer des raccourcis qu’il utilise actuellement.

Mais chaque année passée avec ces règles déséquilibrées booste l’économie chinoise à court terme et l’aide à construire un marché intérieur fort, contrôlé par des chinois plutôt que par des investisseurs étrangers.

Logiquement, dans le conflit Trump contre Xi Jinping, rien n’est joué et aucun des deux partis ne semble prêt à de vraies concessions pour le moment.

Raison de plus pour suivre ça de près !

 

 

A votre bonne fortune,

Frédéric Duval

 

 

Sources :

[1] https://www.telez.fr/actus-tv/le-monde-selon-xi-jinping-arte/

[2] https://www.youtube.com/watch?v=wykaDgXoajc

[3] https://www.larecherche.fr/la-chine-d%C3%A9passera-les-%C3%A9tats-unis-en-2027

[4] https://www.lesechos.fr/31/01/2018/lesechos.fr/0301231135567_les-chinois-sont-devenus-la-premiere-clientele-non-europeenne-de-la-france.htm

[5] https://www.citeco.fr/10000-ans-histoire-economie/monde-contemporain/liberalisation-et-ouverture-economiques-de-la-chine

[6] https://www.latribune.fr/economie/international/en-pleine-transition-economique-la-chine-voit-sa-croissance-ralentir-a-6-7-631900.html





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