L’Europe en déclin : les chiffres cachés de la démographie
L’évolution de la population est un indicateur important pour prédire l’évolution économique d’un pays. C’est comme lorsque vous observez les bourgeons d’arbre, vous pouvez prévoir si vous aurez de nombreux fruits ou non. En fonction de la quantité et de la qualité de vos fruits à venir, vous déciderez ce que vous en ferez : eau-de-vie, confiture, vente directe, etc…
Les chiffres démographiques européens montrent un changement important, inquiétant et posent de nombreuses questions. Arrêtons nous sur les dernières statistiques européennes publiées récemment.
Population : stabilité et disparités internes
Comme dans tous les pays industriels et avancés, l’Europe voit son taux de fertilité baisser grandement. Les taux des différentes régions européennes convergent aujourd’hui vers un taux se situant entre 1,3 et 1,8 enfants par femme. La France, pays le plus fertile d’Europe, a un taux de 1,92. La moyenne européenne étant de 1,6.
Cela signifie à long terme, sans compter l’immigration, que la population européenne diminue progressivement.
Malgré cette baisse de fertilité, certains pays occidentaux ont vu leur population augmenter drastiquement du fait de l’immigration. De 1990 à 2017 la population française a augmenté de 18%. Les champions de l’immigration que sont la Suisse, l’Irlande et le Luxembourg ont augmenté leur population de respectivement 26%, 36% et 56%.
Cette immigration provient en bonne partie d’un mouvement interne à l’Europe, de l’Est vers l’Ouest mais plus généralement des pays pauvres aux pays prospères.
Un pays comme l’Ukraine s’est vidé de près de 10 millions d’habitants depuis 1990. Une baisse de 20% en moins de trente ans !
Les pays d’Europe centrale (Pologne, Hongrie, République tchèque) ont compensé en grande partie leur émigration vers l’Allemagne, l’Irlande ou la Grande-Bretagne par une immigration venant de l’Est (Ukraine, Biélorussie) ou d’ailleurs.
Au bilan démographique, la carte présente une disparité importante entre une population qui augmente en Occident, qui se stabilise en Europe centrale et qui baisse dans les Balkans et dans l’Est.
La Russie vit une situation similaire à l’Europe où sa fertilité extrêmement basse est compensée par une immigration venant des pays d’Asie centrale.
Transformation de la structure démographique
Si la population européenne se stabilise aux environs du demi-milliard, sa structure change drastiquement.
La pyramide des âges se transforme en colonne, voir en entonnoir.
Cela signifie que le nombre d’actifs, et donc de contribuables, diminue. Cela a des conséquences très importantes sur la prospérité et la croissance de nos pays.
L’âge moyen des nouveaux parents a augmenté de manière impressionnante ! Les Européens ont leurs premiers enfants aux environs de 29 ans alors qu’ils avaient 24 ans en 1990.
En plus de l’immigration, l’aspect économique compensateur pourrait être l’augmentation de la présence des femmes dans le monde du travail. Selon des projections statistiques, si les femmes d’Europe travaillaient toutes au même niveau que les Suédoises, la baisse des actifs pourrait être en grande partie compensée.
Ce scénario n’est pas impossible car les femmes occidentales sont maintenant, en moyenne, plus formées que les hommes et devraient donc augmenter la productivité de nos pays dans le futur, tout en participant au monde du travail de manière plus importante.
Cette compensation ne résoudrait cependant pas la variabilité quantitative et notamment le problème du départ à la retraite de la génération du Baby Boom dans seulement dix ans !
Une population qui se stabilise mais des défis importants
Les mouvements de population à l’intérieur de l’Europe qui ont eu lieu à la suite de la création de l’UE et de la chute du communisme devraient globalement diminuer. Les pays d’Europe centrale et les pays baltes offrent aujourd’hui plus d’opportunités que les pays occidentaux et une bonne, voire très bonne, croissance.
La situation des Balkans est aujourd’hui stabilisée et ces pays devraient probablement suivre l’évolution du groupe de « Visegrad » (Tchéquie, Slovaquie, Pologne et Hongrie). Le tourisme dans cette région est en pleine augmentation, signe d’une prise de confiance. Il ne reste désormais que l’Ukraine et la Biélorussie comme zones d’incertitude en Europe.
C’est le changement de structure démographique qui va poser des défis politiques de grande ampleur pour les pays européens.
Nos pays ont monté des institutions complétement dépendantes d’une croissance économique et démographique. Durant les années d’après-guerre, nous avons remplacé la prévoyance privée (caisses syndicales, assurances, compte épargne) par un système public ou semi-public (sécurité sociale, assurances obligatoires, aide sociale).
Ce système, en plus des mauvais incitatifs économiques qu’il amène, est dépendant d’une démographie grandissante. Cela est similaire à un schéma de Ponzi : tant qu’il y a suffisamment d’entrants dans le système (de nouveaux actifs), les sortants (les retraités) peuvent continuer à toucher plus que ce qu’ils ont cotisé. L’arnaque est généralement découverte lorsque les initiateurs du schéma de Ponzi n’arrivent plus à trouver suffisamment de nouveaux participants.
En Europe nous arrivons à ce point-là : l’arnaque politique est mise à nu.
Contrairement aux schémas de Ponzi qui sont pénalement répréhensibles, mais qui finalement dépendent de la crédulité des participants, nos sécurités sociales sont imposées à la population.
Il n’y a d’autre porte de sortie qu’une solution politique !
Finalement, il y aura deux sortes de solutions : pragmatique ou systémique. La première approche repousse le problème en soignant juste les conséquences, la seconde change le fonctionnement système.
Pragmatique :
- Augmenter l’âge de la retraite
- Baisser les prestations
- Augmenter l’immigration
- Augmenter la participation des femmes au travail
- Augmenter les prélèvements / impôts ou la dette
- Augmenter la natalité par des incitatifs économiques
Systémique :
- Inciter à la prévoyance (transition ou augmentation de la capitalisation)
- Supprimer les réglementations et les obligations d’assurance
La plupart de ces solutions ont un coût élevé et ne sont pas toutes politiquement vendables.
Durant ces dernières décennies les gouvernements occidentaux ont tué leur croissance en créant de nombreuses taxes (qu’ils ont cherché à cacher le plus souvent) et réglementations ou en s’endettant. Ils ont aussi eu la chance de bénéficier d’un nombre grandissant de femmes contribuables et d’étrangers.
Aujourd’hui l’augmentation fiscale est suicidaire, la tendance politique est plutôt à la réduction de la migration et les femmes auront peu à peu atteint un seuil d’activité maximum.
La politique va devoir prendre des décisions désagréables ou, comme ils le font actuellement, continuer à nous entraîner vers le précipice.
C’est pourquoi, il est urgent de prendre les devants au niveau personnel : Préserver son patrimoine et investir pour le faire croître.
Frédéric Duval
Le Vaillant Petit Economiste
Source : http://www.populationeurope.org/index.php
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